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Les Fausses abandonnées
Les Fausses abandonnées
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11 décembre 2006

Dana Everyne 21/26

Il n'y a rien à la télé. C'est triste à dire, mais même s'il est vingt-et-une heures trente, je me sens attirée par mon petit lit douillet. J'ai envie d'être aspirée par les rêves, de réaliser dans l'imaginaire ce qui me paraît impossible en ce bas monde.

    La mi-août est infernale, les journées de canicule se suivent et se ressemblent. Aujourd'hui en particulier, je ne sais pas pourquoi, mais la chaleur m'est insupportable. On est jeudi après-midi, et pas de coup de fil de Madame Ouissal. Plus l'horloge tourne, et plus je suis dévorée par le défaitisme. Ce matin, je me suis levée sans mauvais pressentiment, je ne suis pas sortie de mon lit du pied gauche. Mais à partir de dix heures, je ne pouvais plus tenir en place. Tous les quarts d'heure je vérifie que mon portable est bien allumé, qu'il est bien sur le mode sonnerie. Ce midi, grand-père m'a glissé deux ou trois mots d'encouragement, me répétant que si ça doit arriver, ça arrivera, et que si ça ne marche pas, c'est que quelque chose de mieux m'attend. Il veut se montrer gentil, mais mes nerfs ne répondent plus. Ils envisagent déjà le pire, et c'est dur à supporter. Mais le pire, c'est quoi ? Que l'on me dise non ? Si je croulais sous les demandes, je m'en ficherais, or ce n'est pas le cas. Je n'ai reçu que des réponses négatives, ou alors carrément pas de réponse. Ce n'est pas très encourageant, tout de même ? Faudra peut-être que je me fasse une raison ... Je vais habiter dans l'impasse de grand-père encore un bon bout de temps...
    Mais là, je bouillonne. Je bouillonne d'impatience, je mijote dans la fournaise atmosphérique. Je n'ai rien à faire, je n'en peux plus. Assise en tailleur sur mon lit, je fais le tour de ma chambre du regard à la recherche d'une idée. Des livres, encore des livres. Si j'en lis un de plus, je vais faire une overdose. Dans son aquarium, Chekne semble lui aussi tourner en rond. Mais ce n'est qu'un poisson, il ne doit pas se rendre compte de l'inutilité de sa promenade, encore moins celle de son existence, piètre décoration fanée. Futile comme je le suis actuellement, j'irai bien faire comme Chekne, des longueurs dans un bassin. La piscine, lieu idéal pour se rafraîchir le corps et les idées. Et si j'emmène ma crème solaire, je pourrais même fignoler mon bronzage.
    Mais arrivée sur le bord du bassin, je suis prise de stupeur. Les gens sont collés les uns aux autres, il n'y a pas une once de place par terre pour une serviette supplémentaire. Dans l'eau, les mémés côtoient les bons nageurs, ce qui crée d'affreux embouteillages dans toutes les lignes, des tas d'enfants éclaboussent sans état d'âme les mamans avec leur bébé. Ce sont partout des cris, des pleurs, des rires. Ce n'était peut-être pas le lieu idéal pour chercher la tranquillité ! Je suis vraiment bête de ne pas y avoir pensé. Bien sûr qu'avec cette chaleur, tout le monde se donne rendez-vous à la piscine ! Tant pis, j'y suis, j'y reste. Et à l'instant où j'aperçois une dame entreprenant de ranger ses affaires pour s'en aller, je me dirige aussitôt vers elle pour réserver sa place. Je n'ai pas l'intention de rester debout. Je veux m'allonger. Merci, madame.

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