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Les Fausses abandonnées
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11 décembre 2006

Dana Everyne 25/26

- " Pourquoi pas ? J'ai bien envie de faire la fête ce soir ! "

    Le lendemain, c'est à midi que je sors de mon lit. La nuit a été courte. Il devait être cinq heures quand je suis rentrée. J'ai un de ces maux de tête ! Pourtant, j'ai pas bu grand-chose, j'étais plutôt sobre, mais ce doit être le manque d'habitude. Grand-père doit se demander ce que je fabrique à cette heure.
    En pyjama je descends à la cuisine. Un plateau de charcuterie est installé sur la table, la bouteille de vin rouge est débouchonnée. Je m'assois et aussitôt grand-père surgit du balcon :
    - " Bonne soirée, ma chérie ?
    - Excellente. "
    J'ai la bouche toute pâteuse. Grand-père me sert un verre d'eau.
    - " T'as rencontré du monde ?
    - Ouais, des gens très sympas.
    - T'es rentrée à quelle heure ?
    - Il devait être cinq heures, je crois. "
    Pour une fois, c'est moi qui apporte les réponses. C'est agréable.
    - " Tu t'es bien amusée, alors. C'est bien. Je suis content pour toi. Depuis le temps que tu tournais en rond... "
    Je le regarde attentivement. Son visage est sincère. Il est vraiment content pour moi. Il me dévisage avec plaisir :
    - " T'as pas la gueule de bois, quand même ?"
  Je lui lance un sourire plein de mystère. Un grand-père reste un grand-père, il ne se débarrasse pas de son instinct familial, de sa charge de responsabilité. Mais je vois bien qu'il est ravi de savoir que je me dévergonde un peu.
    - " Au fait, j'ai pensé à quelque chose. Tu cherches toujours un petit boulot, n'est-ce pas ? "
  Mâchonnant une tranche de salami, j'acquiesce de la tête, perplexe. Grand-père semble hésiter. Je le vois chiffonner sa serviette d'un geste mal assuré. Cette fois, c'est lui qui a besoin d'un coup de main :
    - "Pourquoi ?
  - Je ne te dis pas ça pour faire la charité, d'accord ? Mais... il se trouve que j'ai besoin de quelqu'un à la boutique. J'en ai discuté avec Sixte, et il m'a dit que c'était une bonne idée. C'est vrai que je me fais vieux, et ça ne me ferait pas de mal de déléguer un peu...
    - Où tu veux en venir ?
  - T'as pas une petite idée ? Je suis sérieux, tu sais. Tu ne voudrais pas travailler à la boutique ? Tu pourras continuer tes études, je te paierai comme une vraie employée. Je sais qu'en cherchant du boulot, tu espérais partir d'ici, mais réfléchis-y, s'il te plaît."
    La bouchée de salami a du mal à passer. Je ne sais pas quoi penser, quoi dire. Je suis surprise. Et je suis flattée. Grand-père doit m'estimer beaucoup, il doit avoir vraiment confiance en moi pour me faire partager sa boutique. C'est plus fort que mon orgueil :
    - " Je commence quand ? "
  Aussi interloqué que moi par la tournure que prend la conversation, grand-père éclate de rire, décharge toute son appréhension. Je m'approche de lui et le prends tendrement dans mes bras :

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