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Les Fausses abandonnées
Les Fausses abandonnées
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11 décembre 2006

Dana Everyne 15/26

- Je n'aurai donc jamais aucun effet de surprise avec toi ?
    - Il faut croire que si, puisque je ne sais pas de quoi tu veux me parler exactement. "
  Il m'énerve ! Il m'énerve ! Ce flair, cette assurance, tout ce qui fait qu'il a le droit de se sentir supérieur, cette éternelle longueur d'avance ! Je ne peux plus reculer maintenant :
    - " J'ai reçu un mail du Louvre...
    - Le Louvre ! Ah, ça c'est chouette !
    - ... pour un job de serveuse. Au café du Louvre, sous la pyramide. "
  Voilà, c'est dit. Je me sens plus légère, et plus confiante. J'observe grand-père qui continue de piocher dans son assiette :
    - " Serveuse ? Bah, j'aurai préféré autre chose, mais le Louvre, c'est quand même bien.
    - Tu veux dire que tu n'as rien contre ?
    - Pourquoi je serais contre, si c'est ce que tu veux ? Mais dis-moi, est-ce que ça veut dire que tu arrêtes les études ?
    - Ça t'embêterait ?
    - Un petit peu quand même...
    - Non, je m'inscrirais à la Sorbonne, puisque c'est un poste à mi-temps.
    - Alors, tu vas passer un entretien ?
    - Demain à onze heures.
    - Tu veux que je t'accompagne ?
  - C'est gentil, grand-père. Mais je crois qu'il vaut mieux que j'y aille seule. Tu serais capable de faire les yeux doux à Madame Ouissal...
    - Si ça pouvait servir tes affaires, pourquoi pas ? "
  Ça nous fait rire tous les deux. L'ambiance a retrouvé son entrain habituel, et je peux respirer tranquillement. Je me sens libérée d'un poids, et en même temps, je sais que le plus gros reste à faire. Convaincre Madame Ouissal... Je regarde grand-père piocher dans son assiette, et au fond de moi j'espère avoir hérité d'un peu de ce charme qui fait fondre toutes celles qui s'approchent de lui. Jusqu'à présent, je n'ai pas décelé un quelconque don génétique, mais peut-être n'ai-je pas cherché suffisamment ? Peut-être qu'il ne tient qu'à moi d'être séduisante et civilisée. Après tout, quand j'étais petite, tout le monde m'adorait... Et si ça a changé, c'est parce que je l'ai décidé.

    Il est quinze heures lorsque je frappe à la porte de papa. Trois petits coups vifs après lesquels j'entre sans attendre de réponse. C'est comme un code, un code secret entre lui et moi. Sa chambre est assez vaste, sobre. Ce n'est pourtant pas un espace purement masculin, comme on pourrait s'y attendre. Il y a de gros rideaux de lin aux fenêtres, des coussins partout, sur le lit, sur le canapé, par terre. Des tas de cadres s'étalent sur une commode, je connais par cœur l'ordre des photos, maman, mariage, papa et maman, maman enceinte, moi bébé entre mes parents, papa et grand-père, encore maman, encore moi, et bien d'autres encore. J'aime cet appartement et la marque de maman. C'est tellement vrai... Et puis toutes ces plantes ! Une véritable jungle ! C'est ma petite touche personnelle car à chacune de mes visites, j'apporte une nouvelle plante. Aujourd'hui j'ai un petit bonzaï. Papa est assis devant la télé quand il m'aperçoit :
    - " Oh, ma chérie ! Te revoilà de l'école ! Mais qu'est-ce que tu apportes de beau aujourd'hui ? "

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