Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les Fausses abandonnées
Les Fausses abandonnées
Derniers commentaires
29 décembre 2006

Nicole Vivek 15/16

Quand on se retrouve enfin dehors, Séleste fait une tournée de bises et m'explique qu'elle habite au-dessus de Jammy. Je suis obligée d'affronter le soulagement que je ressens à cette annonce. Je n'arrive pas à comprendre comment une personne peut être aussi différente selon le contexte. Séleste n'a pas du tout été désagréable, mais elle m'avait seulement habituée à autre chose. Ces belles paroles sur l'échange de confidences, sur la confiance inspirée, sur le sentiment d'une magnifique relation naissante, j'ai du mal à croire qu’elles viennent de cette même personne, celle-là même qui m'a négligée pratiquement toute la soirée. Quelle soirée désastreuse j'aurais passé si ses amis ne m'avaient pas autant plu ! C'est avec plaisir que j'accepte que Komal, Jalila et Nilani m'accompagnent à ma voiture. Sans la présence de Séleste, j'ai vraiment l'impression d'appartenir à ce petit comité. Je suis passée du stade d'invité à celui de membre. Je me sens tellement redevable :
    - " Vous rentrez comment ? "
    C'est Nilani qui répond :
    - " Komal et moi, on habite ensemble, à deux pas d'ici. Et Jalila, tu vas prendre le métro ?
    - Ben, oui, il faut bien. J'habite en banlieue.
    - Ah bon ? Moi aussi. Et t'habites où exactement ?
    - Viroflay.
    - Et bien, c'est parfait. Je te ramène, y a pas de problème. J'habite à Versailles. "
    Jalila réfléchit deux secondes à ma proposition et se dirige aussitôt vers le côté passager de la Twingo. Dans la voiture, on est trop fatiguées pour entretenir une vraie conversation. Le tableau de bord indique cinq heures trente-cinq. Jalila me guide dans Viroflay de sa voix éméchée :
    - " Voilà, c’est là. Nicole, c'est vraiment sympa de m'avoir ramenée. Tiens, je te donne ma carte. Si ça te branche de remettre ça... 
    - Merci, pourquoi pas ? Allez, rentre bien."

    Cette soirée m’a insufflé un nouvel élan. Dès lundi matin, je me suis inscrite à un cours de danse près de chez moi. Le soir même, ma sœur m'a appelé pour m'annoncer qu'elle était enceinte. Je vais être tata pour la première fois, et je suis super heureuse. Je n'ai cessé depuis d'imaginer ce que serait ma vie avec un bébé. Ce serait tellement merveilleux. Certes je n'ai pas d'homme dans ma vie en ce moment, mais cette nouvelle m'a donné envie d'être plus vigilante quant aux hommes qui me gravitent autour. Et puis, mercredi soir, j’ai retrouvé Jalila pour boire un verre. On a parlé de tout et de rien, comme deux anciennes copines de fac. Le ton enjoué n’invitait pas à s’étendre sur des confidences mal appropriées. On a néanmoins discuté de Séleste. Jalila m'a confié qu'elle avait rencontré Séleste au lycée, qu'elle l'aimait beaucoup mais que beaucoup de choses en elle lui déplaisaient. J'ai surtout retenu le terme de superficielle. Jalila prétend que Séleste, bien qu'elle soit très généreuse, est surtout du genre grande gueule, qu’elle a la fâcheuse tendance à se mêler de tout, qu’elle ne peut pas tenir sa langue. Ces révélations m'ont fait l'effet d'un coup de poing parce que je garde en tête la jeune femme humble et sympathique du bord de la Seine. Je suis dans une grande perplexité. 

Publicité
Commentaires
Les Fausses abandonnées
Publicité
Publicité