Patrisia Ydrissi, 18/22
Et
là, il commence à lâcher la pression de ses bras qui m'enveloppent. Il semble
en avoir fini avec les câlins, mais pas moi.
- " Attends, Killian. Tu ne
m'as pas dit bonjour ce matin.
- Si, je crois bien que si...
- Pas comme ça... "
Je l'embrasse avec passion, nos
haleines de café et de chocolat se mêlent avec volupté. Je sens que ce baiser
réveille en lui un début d'érection, mais je décolle sa bouche de la sienne
avec un sourire aguicheur. Au moment où je me détache de lui, Killian me
rattrape les mains :
- " Attends, Patrisia ! Tu ne
veux pas qu'on monte plutôt ?
- Je ne peux pas, mon chéri. Ta mère
m'attend pour décortiquer les crevettes !
- Elle peut faire ça toute seule !
- Oui, mais ça ne serait pas correct
! "
Oh, mon dieu ! Qu'est-ce que je peux
être garce parfois ! M'amuser aux dépens de celui qui ne refuse jamais de me
faire l'amour quand moi j'en ai envie ! Je reconnais bien là mon côté mauvais.
Mais c'est juste pour faire durer le plaisir. Je trouverais bien un moment dans
la journée pour m'excuser et pour lui montrer les bienfaits de l'attente. En
attendant, j'abandonne Killian, déconfit, peu enthousiaste dorénavant pour
aller tuer le temps à attraper des poissons. Je retrouve rapidement Florynda
dehors, occupée à peler les tomates. Je m'assoie à côté d'elle et attrape le
couteau qui n'attendait que moi. Quand Méziene et son fils passent devant nous,
une canne dans une main et un seau dans l'autre, Killian me lance un regard
plein de sous-entendu, où se reflète toute son ardeur mise en attente. J'en
conclue qu'il ne m'en veux pas, au contraire. Et je sursaute lorsque je reçois
un coup de coude de Florynda.
- " Vous êtes mignons, tous les
deux ! Vous allez l'air bien ensemble. "
J'acquiesce sans rien dire. Tout ça
reste encore énigmatique pour moi.
la Scénic
La tarte dans le four, les mains
lavées, Florynda m'invite à prendre un petit apéritif en attendant les autres.
Fidèle à moi-même je demande un kir, et elle me rapporte, dans une petite coupe
de champagne, une boisson bleutée. Elle attise le mystère en essayant de me
faire deviner ce que c'est. Mais devant mon air médusé, elle me confie que
c'est de la liqueur de violette. C'est délicieux !
J'en suis à ma seconde gorgée
lorsque je vois Killian et son père revenir de la falaise. Ils s'arrêtent à
notre hauteur et Méziene balance les bras dans notre direction d'un geste
faussement désespéré.
- " Ça va, mesdames ? Pas trop fatiguées ?
- Oh, ça va, vous deux ! Les hommes
à la pêche, les femmes à la cuisine, et les moutons seront bien gardés ! "
Florynda se lève pour inspecter les
seaux et s'éloigne avec son mari, nous laissant seuls, Killian et moi. Il passe
derrière la chaise sur laquelle je suis assise, me pose ses mains sur mes
épaules. Je peux sentir l'odeur des poissons agonisants qui lui parfume la
peau, mais j'embrasse quand même ses mains. Il s'accroupit, toujours dans mon
dos, et enfouit sa tête dans ma nuque. Et de sa voix charmeuse, il me murmure :
- " Elles étaient bonnes les
crevettes ?
- Oh, très bonnes ! Elles valaient
vraiment le coup ! Et toi, tu as toujours le poisson qui frétille ?
- Oh, je ne lui en ai pas laissé le
temps ! La pêche a été plutôt bonne, tu sais ! "
Je n'ai pas le temps de lui rendre
la monnaie de sa pièce car lorsque je me retourne, je remarque surtout