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Les Fausses abandonnées
Les Fausses abandonnées
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2 mars 2007

Patrisia Ydrissi, 18/22

Et là, il commence à lâcher la pression de ses bras qui m'enveloppent. Il semble en avoir fini avec les câlins, mais pas moi.
 - " Attends, Killian. Tu ne m'as pas dit bonjour ce matin.
 - Si, je crois bien que si...
 - Pas comme ça... "
 Je l'embrasse avec passion, nos haleines de café et de chocolat se mêlent avec volupté. Je sens que ce baiser réveille en lui un début d'érection, mais je décolle sa bouche de la sienne avec un sourire aguicheur. Au moment où je me détache de lui, Killian me rattrape les mains :
 - " Attends, Patrisia ! Tu ne veux pas qu'on monte plutôt ?
 - Je ne peux pas, mon chéri. Ta mère m'attend pour décortiquer les crevettes !
 - Elle peut faire ça toute seule !
 - Oui, mais ça ne serait pas correct ! "
 Oh, mon dieu ! Qu'est-ce que je peux être garce parfois ! M'amuser aux dépens de celui qui ne refuse jamais de me faire l'amour quand moi j'en ai envie ! Je reconnais bien là mon côté mauvais. Mais c'est juste pour faire durer le plaisir. Je trouverais bien un moment dans la journée pour m'excuser et pour lui montrer les bienfaits de l'attente. En attendant, j'abandonne Killian, déconfit, peu enthousiaste dorénavant pour aller tuer le temps à attraper des poissons. Je retrouve rapidement Florynda dehors, occupée à peler les tomates. Je m'assoie à côté d'elle et attrape le couteau qui n'attendait que moi. Quand Méziene et son fils passent devant nous, une canne dans une main et un seau dans l'autre, Killian me lance un regard plein de sous-entendu, où se reflète toute son ardeur mise en attente. J'en conclue qu'il ne m'en veux pas, au contraire. Et je sursaute lorsque je reçois un coup de coude de Florynda.
 - " Vous êtes mignons, tous les deux ! Vous allez l'air bien ensemble. "
 J'acquiesce sans rien dire. Tout ça reste encore énigmatique pour moi.

 
 La tarte dans le four, les mains lavées, Florynda m'invite à prendre un petit apéritif en attendant les autres. Fidèle à moi-même je demande un kir, et elle me rapporte, dans une petite coupe de champagne, une boisson bleutée. Elle attise le mystère en essayant de me faire deviner ce que c'est. Mais devant mon air médusé, elle me confie que c'est de la liqueur de violette. C'est délicieux !
 J'en suis à ma seconde gorgée lorsque je vois Killian et son père revenir de la falaise. Ils s'arrêtent à notre hauteur et Méziene balance les bras dans notre direction d'un geste faussement désespéré.
 - "
Ça va, mesdames ? Pas trop fatiguées ?
 - Oh, ça va, vous deux ! Les hommes à la pêche, les femmes à la cuisine, et les moutons seront bien gardés ! "
 Florynda se lève pour inspecter les seaux et s'éloigne avec son mari, nous laissant seuls, Killian et moi. Il passe derrière la chaise sur laquelle je suis assise, me pose ses mains sur mes épaules. Je peux sentir l'odeur des poissons agonisants qui lui parfume la peau, mais j'embrasse quand même ses mains. Il s'accroupit, toujours dans mon dos, et enfouit sa tête dans ma nuque. Et de sa voix charmeuse, il me murmure :
 - " Elles étaient bonnes les crevettes ?
 - Oh, très bonnes ! Elles valaient vraiment le coup ! Et toi, tu as toujours le poisson qui frétille ?
 - Oh, je ne lui en ai pas laissé le temps ! La pêche a été plutôt bonne, tu sais ! "

 Je n'ai pas le temps de lui rendre la monnaie de sa pièce car lorsque je me retourne, je remarque surtout

la Scénic

qui se gare près de la voiture de Killian. Je reconnais Hausman et Floralie, grâce notamment à la description que m'en a faite Florynda. La maman ouvre la portière arrière et libère deux petits garçons qui accourent aussitôt vers Killian. Je me détache de lui pour les laisser se jeter dans ses bras. C'est adorable de le voir ainsi à genoux, étreindre et chatouiller ses neveux avec autant d'amour.

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