Patrisia Ydrissi, 17/22

- Je vous comprends. Mais dites-moi, votre café, il est divin !
 - Vous trouvez ?
 - Je suis une grande buveuse de café, peu connaisseuse mais amatrice. Et j'avoue que j'ai rarement goûté à un tel arôme. Il vient d'où ? 
 - Si je vous dis qu'il vient directement de Colombie, vous me croirez ? C'est Floralie qui en a ramené plein de là-bas lorsqu'Hausman y avait son chantier l'année dernière.
 - Hausman, c'est son mari. Il est architecte, c'est ça ? Killian m'a dit qu'il participait à des projets partout dans le monde.
 - Oui, c'est vrai. Ils partent en Espagne demain. Une bibliothèque à Madrid, je crois. Floralie l'accompagne parfois, quand elle peut se libérer.
 - Elle fait quoi exactement ?
 - Ça va peut-être vous paraître amusant, mais elle tient une boutique de bougies.
 - Effectivement, c'est amusant, mais pas étonnant...
 - Bonjour mesdames ! "
 Killian est accoudé aux battants, et nous observe avec amusement. Il entre dans la cuisine, s'approche de sa mère et lui donne un sage baiser sur la joue. Il m'embrasse avec la même pudeur et s'assoie à mes côtés.
 - " J'avais peur qu'avec tout ce que je t'ai fait subir hier, tu ne te sois enfuie.
 - Tu vois bien, je n'étais pas loin.
 - Ah ! Il faut vraiment le materner celui-là ! Tiens, voilà ton chocolat.
 - Merci, maman. "
 Killian me jette un regard moqueur, et Florynda hausse les épaules, contente de son petit grain de sel. La journée s'annonce agréable, et pas moins mouvementée qu'hier, j'en suis sûre.
 Peu de temps après, Méziene fait son apparition. Florynda se frotte les mains quand elle le voit débarquer dans la cuisine avec ses paniers remplis.
 - " Dites-moi, Patrisia, est-ce que ça vous ferait plaisir de m'aider en cuisine ? J'ai prévu au menu une ratatouille aux fruits de mer et un clafoutis en dessert. "
 Je lance un regard dans la direction de Killian, mais ce dernier est trop occupé à écouter les ragots que lui marmonne son père. Et puis de toute manière, j'ai bien envie de dire oui, quoi qu'en pense mon chéri. Il ne verra après tout aucun inconvénient à ce que je cherche à m'intégrer le plus possible dans sa famille. Ah ! la belle-famille ! J'ai dit la belle-famille ? C'est bizarre, c'est la première fois que j'emploie ce mot. Et si j'usais du possessif, ça donnerait quoi ? Ma belle-famille ! Je ne devrais peut-être pas m'emporter autant. Qui me dit qu'après ce week-end je les reverrais ?
 Mais Killian vient écourter mes réflexions en s'approchant de moi et en m'enlaçant doucement. Ce mouvement intime invite ses parents à s'éclipser de la cuisine, comme si nous le leur avions demandé par télépathie. Il me demande si tout va bien.
 - " Tu t'inquiètes de savoir comment je trouve tes parents ?
 - Non, je m'inquiète de savoir comment tu gères la situation.
 - Je me débrouille comme une grande. Tes parents sont des gens vraiment sympas.
 - Tu veux que je reste avec toi, ce matin ?
 - Pour quoi faire ? Cuisiner ? Toi ! Tu nous embêterais plus qu'autre chose !
 - Bon alors, j'irai avec mon père à la pêche. "