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Les Fausses abandonnées
Les Fausses abandonnées
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2 mars 2007

Patrisia Ydrissi, 15/22

Méziene et Florynda ont rajouté deux chaises à notre table et s'assoient. Ils ont l'air drôlement soulagé d'avoir retrouvé leur rôle de parents. Les taquineries vont bon-train. ça encore c'est une nouveauté pour moi, la rencontre de ceux qu'il est encore trop tôt d’appeler beaux-parents. Je me sens soulagée et je souris à la belle anecdote que nous aurons à raconter plus tard, lorsque l'on nous demandera comment c'est passé la première rencontre avec les parents de Killian... Les sourires et les regards que me lancent les Audeline sont doux et engageants, ils m'incitent à parler librement, avec aisance, de tout ce qui me concerne. Florynda s'illumine lorsque je lui demande de me parler de l'enfance de Killian. Ce dernier ronchonne mais il est le premier à rire à ses propres dépens. Le moment est un pur plaisir. Ça c'est quelque peu gâté, du moins je me suis sentie mal, lorsque la maman a posé la question que je redoutais, à savoir comment nous nous étions rencontrés. Là, j'ai un blanc et je regarde Killian. Il a la même lueur dans les yeux, celle qui cherche à savoir si le mieux est de dire la vérité, de l'altérer, ou carrément de mentir. Le silence dure, et Florynda, sans pour autant s'impatienter, demande :
 - " C'est trop intime, peut-être ? "
 Killian alors décide de prendre la parole. Je sais d'ores et déjà qu'il n'inclura pas dans l'histoire ce qu'il refuse lui-même de voir comme de la vilenie. Alors que Killian parle du collège, de la longue attente qui a porté ses fruits, j'ai l'impression de trahir ses parents. Leur générosité devrait nous inciter à l'honnêteté. Mais l'honnêteté ainsi conviée risquerait de gâcher cette bonne entente naissante, de jeter un froid non désirable, de changer le regard bienveillant que Méziene et Florynda portent sur moi. Suis-je donc lâche ? Est-ce que c'est de la lâcheté que de me ranger aux côtés du discours faussé de Killian ? Quand je lui en parlerai Killian me dira que ce n'est pas du tout ça, que j'ai encore et toujours tort d'écouter ma mauvaise conscience. Non, en fait, je garderai ça pour moi, et Killian n'aura pas à me faire un de ces fâcheux sermons.
 Il est une heure du matin lorsque nous nous séparons. Et à ma grande surprise, au moment où je pensais passer la porte pour reprendre la voiture, Méziene tend à Killian une clé. J'avais oublié que cet établissement faisait aussi hôtel... Le vieux couple nous abandonne aux pieds de l'escalier, nous tendant une chandelle pour nous éclairer jusqu'à la chambre. Mais avant de disparaître, Florynda me dit :
 - " Bonne nuit, Patrisia ! Vous mangerez avec nous demain midi ? Floralie et sa petite famille seront là. "
 Je regarde Killian d'abord. Il me sourit, et son sourire exprime le plaisir qu'il a de me voir ainsi invitée.
 - " Ce sera avec plaisir ! "
 C'est dans la chambre seulement que je questionne Killian sur un point :
 - " Dis-moi, Killian. Le restaurant est fermé le dimanche ?
 - D'habitude il ne l'est pas.
 - Pourquoi cette exception ?
 - Oh ! Et bien je pense qu'ils voulaient passer un dimanche en famille.
 - Ne me dis pas qu'il ferme leur restaurant pour moi !
 - Pas uniquement, ne t'inquiète pas ! Floralie et son mari partent lundi en Espagne pour une semaine, ils viennent manger demain pour dire au revoir et pour laisser les garçons à leurs grands-parents. Mais si ça te gêne de voir tout ce petit monde, je peux comprendre, tu sais...

 - Non, pas du tout. ça me fait vraiment plaisir de rencontrer ta sœur. "

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