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Les Fausses abandonnées
Les Fausses abandonnées
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29 décembre 2006

Nicole Vivek 10/16

- C'est vrai que c'est différent, mais ton regret est tout aussi valable que le mien. Rien n'est facile dans la vie !
    - Oui, mais quand même...
    - T'inquiète ! On ne va pas virer dépressive ! L'avenir est à nous si on veut s‘en donner les moyens... "
    Séleste se lève doucement. Je me redresse également :
    - " Tu penses que tu pourras venir courir, samedi prochain ?
    - Il y a des chances, oui. Tu sais, Nicole, je n’ai jamais confié à personne ce que je viens de te dire. Il y a quelque chose en toi qui m'incite à la confiance. J'espère que tu n'en es pas trop gênée.
    - Je ne peux pas dire que je le sois, parce que je ressens la même chose.
    - Tant mieux, tant mieux. Mais j'espère qu'on aura l'occasion de faire des choses plus gaies à l'avenir...
    - Pourquoi pas ? Bon allez, soigne-toi bien !
    - Compte sur moi. Salut ! "

    Ce matin, je ne me sens pas dans mon assiette. En lassant mes baskets tout à l'heure j'ai eu comme une sorte d'appréhension. L'idée de revoir Séleste ne m'enchante pas tant que ça, et je n'arrive pas à comprendre pourquoi. L'échange de confidences de la dernière fois m'a laissé un goût amer. Je n'aime pas les choses qui vont trop vite, moi, j'ai besoin de temps, de beaucoup de temps même. Certaines personnes se sont cassées les dents à devoir patienter autant pour obtenir mes faveurs, mais une fois que j'entre dans la vie de quelqu'un, c'est pour la vie, pour le meilleur et pour le pire. Là, Séleste a complètement chamboulé l'idée que j'avais de l'amitié naissante. Aucune pudeur, aucun tabou, aucun mystère. Là est le problème, car si on n’a pas la même conception de l'amitié, est-ce qu‘on est vraiment faites pour s’entendre ? Elle m'a complètement déstabilisée, mais ce n'est pas forcément une mauvaise chose. En fait, elle m'a initiée à une nouvelle aventure : comme on ne se connaît pas, on peut tout se dire. Je n'ai qu'à prendre ce qui m’est offert sans trop me poser de question. Si Séleste a été mise sur mon chemin, ce n'est pas pour rien et, que ce soit positif ou négatif, elle peut m’apporter quelque chose dans ma vie. C’est finalement avec de la hâte, et non plus de l’appréhension que j’arrive sur le parking. J'ai l'âme tellement changeante ! 
    En attendant, j'ai commencé à courir et toujours pas de Séleste à l'horizon. La matinée est plutôt agréable, l'endroit est plein de joggers et de promeneurs, les uns tenant leur chien en laisse, les autres tirant une poussette et hélant des enfants en tricycle. Une atmosphère chaleureuse plane sur la Seine. Elle dégage de douces ondes, l'odeur de la rosée, le bruit de l'eau, la vue des péniches, le soleil encore timide. J’aborde le pont et aperçois avec plaisir Séleste qui vient se ranger à mes côtés :
    - " Salut Nicole ! Tu permets que je t'accompagne ?
    - Bien sûr ! Mais on ne parle pas, ok ? Si je parle en courant, je peux être sûre de finir avec un affreux point de côté... "
    Pas besoin d'insister. Séleste me fait signe qu'elle se ferme la bouche à clé et me jette un regard entendu. Pendant dix minutes, le silence règne, la concentration est maîtresse. Contre toute attente, c'est moi qui romps ce calme. Ce n'est pas qu'il m'est insupportable, mais l'envie de parler est plus forte. On ne suit pas toujours les règles que l'on s'impose soi-même, c'est bien connu :

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